lundi 20 octobre 2014

Aller sans retour

Un décollage sans retour pour l'astre en croissant : voilà ce dont elle rêve.
Monter là-haut pour survoler sa propre existence, la regarder comme on regarderait un vieux film dramatique et ne rien ressentir sinon des émotions sublimées par le geste artistique.
Louise a mal. Et ce mal la ronge comme une maladie incurable.
Parfois, elle pense qu'elle a anéanti définitivement la menace d'attentat qui pointe du fond de ses tripes. Dans ces moments la, elle se persuade que la vie est légère comme une plume, douce comme une brise de mer, fabuleuse comme un conte pour enfant.
Mais la bestiole ne tarde jamais à réapparaître, plus ténébreuse que jamais. Terriblement terrorisante. Infiniment cruelle. Comme une épée de Damoclès, elle menace chaque seconde de sa vie.
Louise a un sens aigu du tragique et du douloureux. Un sentiment qui ligote son cœur, provoquant des nausées auxquelles elle ne peut résister.
Elle observe le monde avec les yeux d'une écorchée vive. Elle pose à sa propre vie un millier de questions par seconde. Elle ne se sent pas d'ici. Tant de choses l'interpellent... Ce monde n'est pas le sien et plus le temps passe, plus ce sentiment est cinglant. Halls de supermarchés, discussions insipides autour de la météo, égoïsme ravageur, hypocrisie de manipulateurs en tous genres tout cela lui fait mal. Elle a perdu le sens des choses et du monde. Elle voudrait être ailleurs.
Elle voudrait que plus jamais la mort embarque ceux qu'elle aime vers un ciel dont elle ignore tout, elle voudrait que le présent l'étreigne comme un amant fougueux, elle voudrait ne plus jamais avoir peur de la vie.
Alors comme elle n'a pas d'engin suffisamment puissant pour la propulser bien loin d'ici, elle s'invente des mondes. A coups d'émotions fortes, de vibrations infinies, de gigantesques rêves, elle prend par la main la substantifique moelle de son existence.
Il est temps. Ça urge.
Il faut être fou pour exister. Battre à mort la normalité, la morale et l'insipide, voilà ce à quoi elle veut désormais vouer sa vie. Hurler avec les loups qu'il faut exister plus que vivre, désirer plus qu'avoir besoin, se rendre fou plutôt que de s'ennuyer à mourir, c'est ainsi qu'elle veut désormais traverser le  temps.
Et si ce n'est plus possible, elle mourra probablement.

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